Comme promis hier, nous vous présentons aujourd'hui le second volet de l'interview du Président de la Fédération Française des Echecs.
Les échecs et l'internet ?
Comment, d’après toi, les clubs sont-ils amenés à se développer face à la concurrence des sites de jeu en ligne sur l’internet ?
C’est une question majeure pour notre développement. Je ne te cache pas que nous y réfléchissons et que nous n’avons pas encore trouvé les passerelles à mettre en place.
Mais est-ce si grave que tous ces joueurs ne soient pas licenciés à la FFE ? Ils aiment le jeu d’échecs et c’est cela l’essentiel. Plus il y aura de joueurs en France qui pratiquent, dans les clubs comme sur Internet, et plus nous aurons notre mot à dire. On pourra alors envisager une émission de TV qui fera de l’audience. Pour l’audimat, personne ne fera la distinction entre licenciés et non-licenciés.
Joueur d’échecs, un vrai métier ?
Les champions d’échecs jouent de plus en plus au poker. Pourquoi ?
C’est l’attrait du gain facile et rapide, ce qui n’est pas le cas aux Echecs. Dans le meilleur des cas, pour gagner pas mal d’argent aux Echecs, il faut lutter plusieurs jours et plusieurs heures à chaque fois. Au Poker, les gains sont plus importants pour les meilleurs, mais pour les autres ?
N’y-a-t-il pas assez de revenus pour les Grand-Maîtres ?
C’est clair que oui. Mais qu’est-ce qui génère des revenus ? Des entrées payantes lors d’un événement par exemple, avec un spectacle à la clé. Ou la vente de produits dérivés sur des joueurs qui sont devenus des icônes. On est loin de tout cela pour le moment, et pas seulement en France.
Quid du statut du joueur professionnel en France ?
N’importe quel joueur peut avoir un statut professionnel. Il suffit de s’inscrire comme travailleur indépendant et de cotiser ! Le statut pro au sens où tu l’entends n’est pas possible aujourd’hui en France car nous n’avons pas de ligue professionnelle. Pour cela il faut être une fédération sportive délégataire.
Et pour clore ce sujet, qui fut l’un de mes thèmes de campagne, nous attendons les instructions de notre ministère de tutelle, qui n’étudiera notre demande qu’à la fin de l’Olympiade en cours. Les règles ont changé et ce statut s’obtient ou se perd tous les 4 ans à présent, et pas en cours d’olympiade comme par le passé.
La médiatisation : Les échecs spectacle ?
A quand une émission à la Télé ?
Là encore, on se trompe de débat. Ce n’est pas à la FFE de faire des démarches dans ce sens, nous n’en avons ni les moyens financiers, ni les ressources humaines. La seule chose que nous pouvons faire, c’est accompagner des projets, les soutenir, faire valoir nos réseaux pour que des initiatives privées puissent aboutir.
C’est le rôle que nous tenons pour l’émission "Planète Echecs" aux côtés des deux initiateurs du projet, Léo Battesti et Constantini. La FFE accompagne, soutient le projet, mais son rôle reste très à la marge.
C’est aussi le choix que nous avons fait pour l’édition, avec Olibris. A chacun son métier ! La FFE n’a pas vocation à devenir producteur d’émission de TV comme elle n’avait pas vocation à devenir une maison d’édition.
La médiatisation du jeu d’échecs est-elle enfin en marche ?
Nous avons fait des progrès dans ce sens puisque nous faisons systématiquement des communiqués de presse pour chaque événement digne de ce nom (Top 16, Championnat de France…), que nous sommes membres du Press Club de France (les 2000 membres, pour la plupart des journalistes, reçoivent nos infos) et que nous bénéficions de la Communication de notre partenaire officiel BNP Paribas. Nous avons réalisé la revue de presse de la saison écoulée et ce n’est pas si mal, même si cela reste encore très insuffisant.
Toutes les initiatives qui vont dans ce sens sont très bonnes pour le développement de notre sport, et Diagonale TV joue un rôle important, surtout qu’ils ont été les pionniers.
Maintenant il y a aussi Europe Echecs qui s’améliore à chaque vidéo, même si parfois ils ont tendance à vouloir me tacler !
Comment vois-tu idéalement les échecs en France dans 10 ans ? L’idéal serait de dépasser les 100.000 licenciés et d’avoir une compétition d’envergure mondiale, comme Wijk aan Zee, Linares ou Dortmund. J’aimerais bien que nous puissions accueillir aussi un championnat du Monde ou une Coupe d’Europe des Clubs. Mais là encore, l’initiative doit venir d’un organisateur privé et pas seulement de la FFE. Je fais des démarches auprès de certaines personnes qui ont les capacités à mettre sur pied de tels événements, ou de clubs qui ont des projets dans ce sens. La FFE doit inciter, motiver, accompagner, mais en aucun cas faire le travail de A à Z. Car, je le redis ce n’est pas sa priorité ni les objectifs fixés par la convention qui nous lie au Ministère des Sports. De plus, aujourd’hui, nous n’en avons les moyens, ni financiers, ni humains.
C’est déjà la réalité et depuis longtemps ! Il n’y a qu’à voir la composition des équipes lors de la Coupe d’Europe des Clubs à Kemer (Turquie) pour s’en persuader. D’ailleurs, j’en profite pour dire que la FFE n’échappera pas, à terme (à court terme, même), à la suppression de la règle qui stipule qu’il faut un minimum de français et de françaises dans chaque équipe.
Quel serait ton rêve pour les échecs en France ?
J’ai toujours eu une passion pour les compétitions par équipes. Je pense que s’il est difficile aujourd’hui pour un français (ou une française) de devenir champion du monde, par contre, on peut y arriver collectivement et assez vite. Donc évidemment, gagner les Olympiades !
Je crois que c’est possible avec les talents que nous avons. Je rappelle que nous avons battu deux fois la Russie, à Göteborg en 2005 et Turin 2006. Et quand on bat les russes, tous les espoirs sont permis !
Merci Jean-Claude pour cette interview éclairante sur le jeu d'échecs. Souhaitons à l'équipe de France la médaille d'Or aux prochaines Olympiades !
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